Curd Jürgens
Extrait clef du film Le général du diable
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Sources :
Transcription
- Pourquoi fais-tu ça pour l'Angleterre, pour la Russie?
- Pour l'Allemagne.
- Comme l'autre, à qui la patrie servait d'excuse et de justification.
- Pourquoi as-tu fait ça ? Tu ne t'intéresses pas à la politique ? La situation est magnifique !
Tu es Aryen, 100%. T'as perdu personne au front, ni dans un camp.
Mais qu'est-ce que tu as ?
- Rien de personnel.
Seulement un jour je me suis mis à avoir honte d'être allemand.
Honte de mon pays, honte d'accepter aveuglément leurs actes et leurs politiques révoltantes, que rien ne peut justifier.
- Oui, et alors, tu as décidé ?
- Non, pas tout de suite.
Je n'ai rien décidé.
Non, je ne pouvais pas. Et puis, un jour, le hasard est venu à mon aide.
Le hasard, une pièce tournait à l'envers. C'était un symbole.
- Hein, avec ce petit symbole, tu as cru que tu allais changer l'Histoire...
- Toi, tu étais dans le camp de tous ceux qui acceptaient l'Histoire.
Moi, j'ai essayé de toutes mes forces de l'arrêter.
Lequel est sur la bonne voie ? Est-ce qu'il était préférable d'attendre que ces forcenés se détruisent eux-mêmes ?
Moi, j'ai écouté ma conscience.
Ce ne sont pas ceux qui font le mal qui sont coupables, ce sont ceux qu'ils tolèrent par lâcheté. Nous avons été bien trop tolérants, bien trop patients.
C'est ça, c'est notre lâcheté qui fait aujourd'hui continuer la guerre.
Guerre contre laquelle tu n'oses rien faire !
- Et alors et ton ami Eilers ?
- Eilers ? Je suis aussi désolé que toi, mais tu sais bien qu'un pilote court toujours de gros risques en temps de guerre.
Tu sais que je suis fataliste. Et s'il n'y avait pas eu ce Stetten, ce salaud de Stetten !
Bon sang, j'ai tout essayé pour que ces avions n'aillent pas au front. Je prétendais qu'il n'étaient pas au point et s'il n'y avait pas eu ce von Stetten !
- Maintenant Eilers est mort !
- Ah ne te reproche pas ça, tu n'es pas coupable, c'est moi. Mais toi non. Toi, ce sont des atermoiements, des hésitations, ta collaboration qui ont perdu des milliers de types.
- Ah... pourquoi ne m'as-tu pas dit ça plus tôt ?