Le chemin pour sortir du traumatisme - The path out of trauma - Ariane Bilheran & Reiner Fuellmich - 22 nov 2021

Sources :

Transcription

Points commun des personnes ne tombant pas dans le piège
Résistance Totalitarisme
Intérioriser une certaine autonomie. L'individu n'est rien, restons tous collés, le corps collectif est tout.
Accepter notre finitude. Le temps n'existe pas, le totalitarisme vise l'expansion spatiale. Délire d'immortalité (transhumanisme).
Clarifier les places et avoir un ancrage de vérité. Règne du mensonge, de l'arbitraire et de l'injustice.
Capacité psychique à surmonter les traumatismes. Le totalitarisme traumatise, mais dit : « ce n'était pas grave, c'est rien, c'est pour votre bien ».
L'ancrage avec la réalité (en psychologie "le principe de réalité"). La prise en charge totale de la souffrance de l'existence et le retour à un paradis perdu.
Extraits de la vidéo
Commité Corona :

« Pourquoi des personnes ne tombent pas dans le piège, indépendamment de leur niveau d'étude ou de leur statut ? Quel est le point commun entre ces personnes ? »

Arianne :

« J'ai plusieurs hypothèses.

La première c'est que ce sont des profils autonome qui sont capables d'être isolés des groupes. Cela suppose dans son développement psychologique d'avoir intériorisé une certaine autonomie, c'est à dire la capacité à respecter les lois même si à l'extérieur ça ne fonctionne plus. Même si à l'extérieur tout est transgression (ce qui est le cas du totalitarisme). Il y a une autonomie interne qui a été acquise dans le développement psychologique de la personne.

Dans cette première hypothèse ce sont des individus qui ont réellement intégré les interdits fondamentaux de civilisation notamment l'interdit du meurtre.

J'ai relevé cinq points pour les personnes qui ne rentrent pas dans les délires) donc le premier, capacité d'isolement, d'autonomie. Je vais juste à chaque fois dire ce qu'est l'inverse pour le totalitarisme. Le totalitarisme, sa proposition c'est : "l'individu n'est rien, restons tous collés le corps collectif est tout". Ça c'est le premier point.

Deuxième point : ce sont des profils qui ont intériorisé accepté dans leur développement psychique notre finitude. C'est quoi notre finitude ? Je ne suis pas tout, ni sur un plan spatial, ni temporel, je n'ai pas tous les droits et je vais mourir.

Le point numéro deux est très important : psychologiquement la vie c'est une perte. C'est à dire, nous sommes en train d'avancer dans le temps donc ça nous rapproche de notre mort, nous ne pouvons pas tout avoir nous ne pouvons pas avoir tous les pouvoirs, c'est à dire nous sommes des êtres limités. Par exemple dans ce deuxième point nous avons conscience du temps qui passe et nous avons conscience que nous n'occupons pas tout l'espace. Pour le totalitarisme le temps n'existe pas, il fonctionne de façon circulaire et immobile et le totalitarisme vise l'expansion spatiale. Dans le transhumanisme il y a le délire d'immortalité.

Troisième point : une capacité à clarifier les places et avoir un ancrage de vérité. L'ancrage de vérité, c'est à dire la capacité de faire la distinction entre la vérité le mensonge, ça va avec la capacité morale. Du point de vue psychologique ça va ensemble. La capacité à distinguer le bien, le mal, parce qu'il peut pas y avoir de justice si on ne recherche pas la vérité. Et à l'inverse le totalitarisme c'est le règne du mensonge, de l'arbitraire et de l'injustice.

Quatrième point : la capacité pour la personne psychique de surmonter les traumatismes. Ça ça peut venir de l'expérience passée. Et une capacité en même temps de prendre de la distance par rapport au discours qui sont mis sur le trauma. Parce que le totalitarisme il traumatise, mais il dit : « ce n'était pas grave, c'est rien, c'est pour votre bien ».

Cinquième point : l'ancrage avec la réalité. Moins les personnes auront fait des études plus elles seront en lien avec la réalité de l'expérience, c'est à dire moins elles seront dans le discours et plus dans l'expérience, moins elles sont manipulables.

Voilà, en clair, l'exemple que je prends : si on vous raconte, et on vous fait un grand doctorat sur le fait qu'il faut absolument, c'est bien, d'arroser une plante avec de l'essence, quelqu'un qui est juste dans la réalité de l'expérience, sait que ça n'est pas bien. Il ne sait pas l'expliquer mais il sait juste que ça n'est pas bien. Et c'est ce qu'on appelle en psychologie "le principe de réalité".

Par exemple il est certain que des gens qui ont déjà vécu des situations de type totalitaire, dans des entreprises, dans leurs familles qui en sont sorties et qui ont traversé plein traumatisme par rapport à ça, sont beaucoup plus immunisés aujourd'hui à ce qui se passe, que les autres. Enfin moi je le vois chez mes patients. Comme la magnifique Vera Sharav (moi j'adore).

Quelle est la promesse ? Il faut comprendre pourquoi ça fonctionne le totalitarisme. Ça fonctionne sur la population parce que dans le totalitarisme il y a une promesse qui est faite (qui ne sera pas tenue, bien-sûr). La promesse aux populations c'est la prise en charge totale de la souffrance de leur existence et le retour à un paradis perdu.

C'est une tentation pour la majorité de régresser dans les bras de maman et de ne pas prendre ses responsabilités. »

Covid-19 : un totalitarisme “sanitaire“ ? - 23 août 2021

Sources :

« Le monde est-il devenu fou ? » sur Radio Canada le 30 déc 2020

La polarisation du débat public, signe de la psychose paranoïaque de notre temps (durée : 23')

« On n'a plus le droit de penser de façon différente ou marginale; on n'a plus le droit d'emprunter certains chemins de pensée. Ceci n'est pas autoritaire : ceci est totalitaire », affirme la psychologue et écrivaine Ariane Bilheran pour décrire la polarisation extrême des idées. La docteure en psychopathologie, qui a publié un essai intitulé Le totalitarisme et le choix de vie héroïque, déplore qu'il n'y ait plus d'espace pour la nuance dans l'espace public ou encore un espace tiers pour penser. « Nous sommes criminalisés, marginalisés dès que nous apportons une nuance par rapport à ces deux clans. [...] Ceci est extrêmement grave, et fonde aussi ce qui appartient au registre de la psychose paranoïaque, c'est-à-dire la certitude délirante. »

Articles

  • Le moment paranoïaque (le déferlement totalitaire) face à la dialectique du maître et de l’esclave - 1 sept. 2020
    • Extrait :

      Il y a, face au délire paranoïaque, et c’est toujours la même histoire, ceux qui sont convaincus par l’analyse, la démonstration (et pas forcément les intellectuels, dont les études en psychologie sociale ont malheureusement démontré la soumission majoritaire aux systèmes totalitaires), et voient le danger arriver, et ceux qui ont besoin d’expérimenter la paranoïa dans son moment totalitaire de destruction massive pour être forcés d’ouvrir leurs yeux qui seront remplis de larmes. C’est ainsi, et nous devons je crois travailler à l’accueillir avec compassion, sans engendrer davantage de frustration, de colère, ou d’agressivité.
      La vague totalitaire, nous l’expérimentons, elle arrive.

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