Boris Cyrulnik

De dieudo.fr
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Pourquoi dire non, langage totalitaire et résistance (conférence) - 21 Oct 2021

Extrait

Source : https://tube.aquilenet.fr/w/74V6Rr2GHHwVVbTykba6Pz

Transcription de cet extrait
D'où vient chez certains la force de dire non ?

L'idée que je vous propose, c'est : pourquoi parmi nous en cas de catastrophe, en cas de dictature, en cas de catastrophe sociale ou naturelle, pourquoi certains parmi nous ont-ils la force, plus que le courage, de dire non et de ne pas se soumettre alors que d'autres ont le plaisir de se soumettre ?

Alors voilà le problème que j'ai envie de vous poser à l'occasion de Mécheri, mais à l'occasion d'autres exemples que je proposerais en passant.

Alors je vous propose deux chapitres : le premier chapitre c'est : comment fait-on pour résister à une doxa ? C'est-à-dire un récit accepté sans jugement, sans vérification, comme une croyance et on habite ce récit et on s'y soumet avec bonheur.

Et la deuxième deuxième partie de l'exposé ça sera : parmi ceux qui ont été résistants et enfermés dans des camps dans des prisons, beaucoup sont tombés, beaucoup n'ont pas supporté et qu'est ce qui se passe pour que quelques-uns aient pu surmonter et même témoigner et même faire évoluer la culture, après avoir surmonté cette épreuve. Comment ont-ils fait pour surmonter ?

Alors premier chapitre comment parmi nous certains ont-ils la force de ne pas se laisser embarquer par une doxa ? La doxa c'est à dire c'est l'ensemble du récit accepté. Et certains gardent en eux ce pouvoir de distance de jugement, donc de doute, de plaisir du doute, du plaisir de vérifier, du plaisir de remettre en question, du plaisir de débattre et ça leur donne la force de ne pas se laisser embarquer dans une doxa qui est un flot puissant. Parce que une doxa, quand la société est organisée par un courant d'idées, c'est très difficile de s'y opposer. C'est très facile la pensée paresseuse, sa consiste à se laisser embarquer, on récite, on arrête de penser, il y a des slogans, il y a des gens qu'on aime bien, on n'a pas envie de les blesser, donc on dit comme eux, et hop on se lance dans le langage des perroquets. Alors en neurologie le langage des perroquets, on appelle ça le psittacisme. C'est à dire qu'on est capable de répéter des textes entiers qu'on ne jamais analysé et pourtant dans lesquelles on croit.

Alors je pense que ceux qui parmi nous sont capables de résister à ce courant puissant, sont ceux qui au cours de leur développement ont acquit des facteurs de protection.

Alors ces facteurs de protection ça nécessite que autour de l'enfant... Alors, là je vais faire quelques minutes de sciences et de neurologie : ceux qui parmi nous ont eu un développement sécurisant, neurologique, affectif, psychologique, socioculturel, ceux là sont construits. Et ils ont une construction qui leur permet de prendre un peu de distance et de ne pas se laisser embarquer.

Conférence complète - 1h47

Source : https://youtu.be/I9YvILTA5Y8