Entretien avec Louis Fouché - mars 2025/Transcription 2
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Dieudonné
Alors, je reprends le diaporama. Donc, sur les mises en œuvre. Donc, après avoir fait toutes ces belles rencontres et ces belles expériences, eh bien, on a eu l'idée, comme je vous l'ai dit, de créer ce groupe de pratique et de recherche à Bordeaux. On a créé un site du nom cerclesrestauratifs.org, qui est un wiki, qui est une sorte d'endroit où n'importe quelle personne qui fait l'expérience de la pratique des cercles restauratifs peut venir contribuer, signaler un groupe de pratique qui vient de se créer, etc. Louis Un mot là-dessus, sur ce wiki. Tout ce que tu as fait, en général, est coopératif. Je vois en bas de ton diaporama qu'il y a une certaine licence. Est-ce que tu peux l'expliquer aux gens ? Peut-être en deux mots, parce que des gens vont peut-être vouloir retrouver ces informations, essayer de les étayer, peut-être même s'en servir pour en parler à d'autres. Dans tout ce que tu as fait, il y a l'idée d'une sorte de cascade d'apprentissage, que ça ne s'arrête pas à toi et moi, et que les gens peuvent s'en emparer. Dieudonné C'est ça, c'est ça. Donc, la licence, c'est une licence Creative Commons, qui nous vient d'un juriste américain, je crois. Et c'est tout le mouvement initié par les logiciels libres, en fait, dont l'état d'esprit, c'est pour protéger une œuvre, une création, plutôt que de la protéger en en restreignant l'accès, on la protège en empêchant que quelqu'un puisse se l'accaparer. C'est un copyright inversé, c'est-à-dire qu'on peut dire que c'est un copyleft pour le jeu de mots. Et après, c'est Laurence Lessig, je crois, le gars à l'origine des Creative Commons. Il a eu l'idée de décliner les degrés de liberté dans lesquels on a envie que cette œuvre se transmette. Et là, en l'occurrence, celle que j'ai choisie, c'est “By”, ça veut dire, on cite la source, “Non Commercial”, ça veut dire qu'on souhaite que ça ne devienne pas un produit commercial, on souhaite que ça continue à être distribué librement sans qu'on soit obligé de l'acheter, qu'il n'y ait pas de tarif dessus, très simplement. Et d'ailleurs, c'est un des trucs que Dominic Barter a développé. C'est pour ça qu'il ne disait pas des ateliers ou des formations, il disait que c'est des sessions, c'est des endroits où on vient partager nos expériences. Et puis donc, s”hare alike”, ça veut dire qu'on veut que ça soit partagé avec cette même licence pour les œuvres qui sont inspirées de celle-là. Et son idée aussi, Dominic, c'était de dire que lui, il avait découvert ça dans les bidonvilles de Rio, avec des personnes vraiment très, très pauvres, et que ce serait impensable pour lui d'organiser une formation à laquelle une personne ne pourrait pas venir parce qu'elle ne peut pas se la payer. Ça ne serait pas en cohérence avec le cadeau qu'il a reçu. Louis Ça va avec l'idée des cercles restauratifs. Il n'y a pas de rareté, il y a de l'abondance, il y a plein de choses à partager. Et toutes ces ressources, tu les mets à disposition avec tout le groupe dont tu fais partie. Et donc, les gens peuvent les récupérer, mais pas les vendre. Et il doit y avoir une certaine révérence pour l'héritage en citant d'où ça vient. Dieudonné C'est ça, c'est ça, c'est ça. Alors, en 2017, j'ai eu la grande chance que les pionniers de l'aviation avaient trouvé que c'était un âge auquel on pouvait prendre sa retraite. Donc, je continue à en bénéficier heureusement aujourd'hui. Et j'ai pu me consacrer encore plus librement à ce qui me motivait le plus à ce moment-là. C'était de contribuer à l'émergence d'un mode de vie aussi attractif que le mode occidental, mais soutenable. Parce qu'une des choses qui m'a marqué au cours de ma trentaine d'années à me déplacer sur la planète, c'était de voir que notre modèle occidental était très attractif pour plein d'humains sur la planète, mais devenait insoutenable parce que plus assez de matières premières pour que tout le monde puisse bénéficier de ces modes de vie. Et puis, une pollution aussi insoutenable, quoi, sans même parler du reste. Alors, je n'ai pas la prétention de faire une formation en ligne aux cerclex restauratifx, mais par contre, je vais vous en donner des points clés dont j'ai pris conscience en cherchant les points communs entre ces approches-là dont je vous ai parlé à l'instant, l’ACP, la CNV et les cercles restauratifs. Donc, pour ça, je vous propose d'envisager que notre corps soit comme le tableau de bord d'un avion. Et d'ailleurs, pour l'anecdote, je viens de découvrir que Bernardo Kastrup vient de faire une analogie dans le même état d'esprit, mais c'est dans un domaine très, très, très, comment dire, philosophique, très, très abstrait, quoi. Pour le moment, je n'ai pas encore tout bien compris, mais ça m'a amusé de voir qu'il avait fait la même analogie. Donc, dans notre éducation, on a appris à fonctionner de là à là, par la tête, et de ne pas se laisser polluer par les signaux qui nous venaient du corps, qui sont considérés comme des parasites, voilà. Et grâce à une formation à la gestion du stress, dont j'ai pu bénéficier à Air France, pour former des directeurs d'Air France qui pouvaient être appelés à siéger en cellule de crise, j'ai appris que ces signaux de stress qu'on peut percevoir avec notre corps, ils sont très précieux et qu'on a intérêt à apprendre à les écouter parce qu'ils nous donnent des informations que notre cerveau n'a pas encore captées, n'a pas encore digérées. Et donc l'intensité des signaux de stress qu'on peut recevoir par notre corps vont continuer à parler d'autant plus fort qu'on n'aura pas entendu de ce dont ça nous cherche à nous parler, voilà. D'où l'analogie avec le tableau de bord et la couleur des voyants et l'intensité des alarmes qui peuvent se signaler à nous. Donc, on retrouve cette analogie entre le conflit et le stress, et la manière dont le corps cherche à nous parler ou nos communautés. Et donc, on peut faire l'analogie, étendre ça avec les conflits qui peuvent se vivre dans nos communautés d'appartenance, que ce soit la famille, les amis, les collègues de travail. On a tous l'occasion de vivre des tensions, des désaccords, des conflits qui sont autant de ressentis d'insatisfaction. Eh bien, on peut choisir soit de les mettre sous le tapis en disant, voilà, ça je vais l'écraser, je vais prendre un médicament pour calmer ce désagrément de mon corps, soit d'entendre que ça cherche à nous parler de quelque chose d'important et qu'on n'a pas entendu encore jusque-là. Voilà. Alors, comment prendre soin ? Donc, c'est là qu'on rentre dans le dur. Et ce que je vais faire, c'est prendre une analogie encore avec mon métier. C'est avec “les gestes qui sauvent”. Dans mon métier, on apprend que quand on est sous un fort niveau de stress, nos capacités mentales, nos ressources cognitives s'affaiblissent beaucoup et se diminuent. Et donc, on a intérêt à avoir des repères très solides pour pouvoir y revenir très facilement. Par exemple, pendant ma formation, on avait droit à des cours de pilotage de voltige. Non pas qu'il était prévu de faire de la voltige aérienne avec des avions de ligne, mais que si un jour on se retrouvait sur le dos, à cause d'une turbulence exceptionnelle, d'une situation complètement inattendue, on ne soit pas complètement désemparé parce qu'on a déjà vécu une telle intensité en l'air et on sait qu'on peut s'en sortir. Donc, ces gestes qui sauvent, on s'entraîne à les vivre au simulateur, notamment dans le métier de pilote, on fait quatre séances de simulateur par an, quatre séances de quatre heures, et on s'y expose volontairement à des situations très stressantes pour s'entraîner à réagir sainement, en général assez rapidement. Louis Alors, j'ai une question là ? Dieudonné Oui. Louis Tu nous parles de cet espace de sécurité finalement dans lequel on pourrait évoluer et qui est nécessaire pour retrouver les bases, ne pas paniquer dans une situation de stress, de tension, etc. Et tu nous parles du simulateur qui nous emmène dans quelque chose d'encore plus dangereux finalement, mais qui est un peu fictif. Donc, cet espace de sécurité, il permettrait d'aller chercher des zones d'inconfort tout en restant dans le simulateur quelque part. Dieudonné C'est ça. Louis Mais dans la vie des groupes et des collectifs, moi j'aurais eu l'impression qu'un espace de sécurité, ça pouvait être simplement le palabre au pied de l'arbre, rituel tous les samedis, faire Shabbat tous ensemble le vendredi soir ou manger le dimanche midi avec toute la famille. Ce sont ces espaces de sécurité où on sait que de toute manière, ça, ça restera. Quoi qu'il arrive. Dieudonné Oui. Là, ce que je prendrais comme analogie, c'est ce qu'on fait dans nos groupes de pratiques et de recherches en cercle restauratif. C'est qu'on fait des cercles à moitié simulés. C'est-à-dire qu'une personne apporte une situation conflictuelle qu'elle vit personnellement en dehors du groupe, qui n'implique aucune autre personne du groupe, et elle propose ça comme support pédagogique pour s'entraîner à faciliter le dialogue. Et il y a d'autres personnes dans le groupe qui jouent des personnes clés de cette situation, et ça donne l'occasion à une ou plusieurs personnes de s'entraîner à faciliter. Et on crée un espace de sécurité. Comme on fait un simulateur de vol, on dit voilà, là, tu es dans le simulateur de vol et tout d'un coup, tu as un feu moteur, tu as une dépressurisation explosive, tu as une fumée dans le cockpit, toutes situations qui sont hyper stressantes dans la vraie vie. Donc au simulateur, ça reste stressant, parce que si jamais on ne réussit pas à la gérer dans le simulateur, on se dit, si ça m'était arrivé en vrai, je n'aurais pas réussi non plus. Donc ça peut être une grosse source de stress. Et puis par ailleurs aussi, il y a le fait que ces séances de simulateur peuvent être une occasion pour l'instructeur qui est à bord, de dire au pilote, écoutez là, désolé, avec la performance dont vous avez fait preuve, je suis obligé de vous arrêter de vol et vous allez retourner en formation pour vous remettre à niveau, pour inspirer assez confiance dans les personnes qui vont vous autoriser à exercer votre métier. Je ne sais pas si ça existe chez les chirurgiens ou quand un chirurgien fait une très grosse contre-performance, ses collègues lui disent, écoute, là, il vaut mieux que tu t'arrêtes et que tu prennes un peu de vacances, tu as de te ressourcer, regarder comment d'autres collègues font, te réentraîner, etc. Je ne sais pas si c'est possible, ça, dans votre métier. Louis Ça devrait être possible, mais ce n'est pas tellement en place, effectivement. Souvent, on va jusqu'à l'erreur, l'erreur manifeste, avant la simulation. Donc cet espace de sécurité, c'est un espace où on peut jouer, où on peut aborder des possibles et tout ça. Je comprends que ce serait une sorte d'entraînement avant que ne survienne le conflit. Est-ce que quand le conflit a explosé, on peut retrouver un espace de sécurité ? Dieudonné Oui, oui, oui. Donc là, effectivement, je t'ai pris l'exemple de la simulation qui est une manière de s'entraîner, mais c'est vrai que là où ça va nous être utile, c'est quand on va se retrouver à un conflit inédit, un truc qu'on n'a jamais rencontré dans sa vie, où on l'a peut-être déjà rencontré, mais on est submergé par nos émotions, on est dans un orage émotionnel, comme on peut rentrer dans une tempête, on peut se retrouver pris dans une tempête en l'air. Et là, on sait qu'on n'a plus beaucoup de ressources, et donc c'est très important d'avoir une formule très compacte, une structure très simple à laquelle on sait qu'on va pouvoir revenir pour redevenir intelligent avec les autres personnes présentes. Et donc, moi, en vol, par exemple, on sait que dans “les gestes qui sauvent”, il y avait une formule que j'avais dite en 2018 et que tu avais reprise, c'est quand on est sur le dos, par exemple, on appelle ça une position inusuelle, on dit, pour revenir à un espace de sécurité, donc on dit “mettre les ailes à l'horizontale, le nez sur l'horizon, et de remettre un peu de gaz”. Ces trois actes-là, on sait qu'on peut s'y cramponner quand on est pris dans des turbulences énormes et que l'avion devient à peine maîtrisable, on sait que si on s'efforce de garder les ailes horizontales, le nez sur l'horizon et un peu de gaz, petit à petit, on va revenir dans un espace de sécurité. Et donc, je me suis cherché une formule dans le même style pour gérer les tensions, les désaccords et les conflits. Quelle pourrait être la formule compacte en trois mots clés, comme “ailes horizontale, nez sur l'horizon, un peu de gaz” ? Est-ce qu'il y aurait une formule compacte comme ça qui pourrait nous être utile au moment où on s'engueule avec son conjoint ou sa conjointe ou n'importe quelle situation dans laquelle ça nous rend très démunis ? Donc, le premier truc, c'est créer un espace de sécurité. Donc là, c'est le premier mot clé. Louis Est-ce que cet espace de sécurité, ça peut être simplement réunir les gens en qui on a confiance et qu'on aime ? Dieudonné Bien sûr. Louis Parce que c'est ce que font beaucoup de gens spontanément. Au fond, quand ils ont un conflit, ils vont voir leur meilleur copain ou leur meilleure copine pour boire un coup peinard dans le bar où ils vont d'habitude et remettre le nez sur l'horizon. Dieudonné Bien sûr. Ça peut être d'aller marcher dans la forêt, d'aller s'asseoir et faire dix minutes de silence et écouter son corps, les yeux fermés, écouter sa respiration. Ça peut être d'aller courir au bord de la mer. N'importe quoi dont on sait que ça nous fait du bien et qu'on s'y retrouve, qu'on retrouve ses repères, s'occuper de ses proches, tous ces trucs dont on sait que ça nous fait du bien et ça marche. Donc, créer un espace de sécurité pour accueillir l'intensité qui se vit. Donc là, les deux mots clés, c'est sécurité et intensité. Alors, pour ACP et CNV, je prends l'exemple d'un moment où il y a une souffrance. Ça, c'est le point d'entrée. Et qu'est-ce que proposent l’ACP et la CNV ? Elles, elles proposent trois points. L'accueil positif inconditionnel, l'empathie et la congruence. Donc, la congruence, c'est le mot le moins courant. Mais pour se le dire d'une manière simple, je dirais que c'est à la fois l'authenticité et la conscience de ce qu'on vit à l'intérieur de soi. Parce que je pourrais dire, là, je ne suis pas du tout stressé et puis tu vois que tout mon corps dégage du stress, tu pourrais dire que je ne suis pas congruent. Parce que je ne partage pas la réalité de ce que je vis, en fait. Et donc, la congruence, c'est quand il y a un accord entre ce que tu donnes à voir et ce que tu vis à l'intérieur. Il n'y a pas de décalage entre les deux. Louis Et là, il y a déjà une extraordinaire difficulté parce qu'il peut se produire des événements où l'accueil positif inconditionnel et l'empathie sont complètement mis à mal. C'est tellement intense qu'on est révolté, qu'on est en colère, qu'on a envie d'en découdre, qu'on trouve ça dégueulasse, que l'autre est un salaud, etc. Tu vois, elle est où la soupape pour ça, pour arriver à l'accueil positif inconditionnel ? Est-ce que c'est possible ou est-ce qu'il faut purger ces émotions-là d'abord ? Dieudonné En fait, la communication non violente, pour moi, ça m'a vraiment bien aidé c'est de prendre conscience que les besoins humains fondamentaux, ils ne sont pas en conflit les uns avec les autres. Je veux dire, mon besoin de liberté n'est pas en compétition avec ton besoin de sécurité. C'est les stratégies qu'on va employer qui peuvent être en tension. Mais si je reviens aux besoins humains, c'est la force de vie, en fait, qui, elle, est... en laquelle j'ai profondément confiance, c'est un des trucs que j'ai gagné avec la communication non violente, c'est de reprendre confiance dans la nature des êtres humains. Et que quand il y a des êtres humains qui viennent à prendre du plaisir à la souffrance d'autres personnes, c'est qu'ils ont perdu le contact avec leur nature humaine profonde. Parce qu'un nourrisson, dès la naissance, il est capable d'empathie, en fait. L'équipement de base, dans la carte mère de l'être humain, il est inscrit, contribuer au bonheur des autres, c'est une des plus grandes sources de satisfaction. Donc, si je contribue à la souffrance d'une autre personne, c'est vraisemblablement qu'il y a un... Si je prends plaisir à ça, c'est qu'il y a un bug. Il y a un bug système, je crois. Donc, quand je vois que il y a quelque chose... Que je contribue à la souffrance d'une autre personne, par exemple, eh bien... Ou plutôt quand j'ai de la colère, etc. Pour moi, c'est des signaux que j'ai besoin d'accueillir “qu'est-ce qui se passe à l'intérieur de moi ?”. Parce que si je fais une demande directement à partir de ma souffrance, c'est un truc que je monte un peu plus loin dans la diapositive suivante, c'est qu'un moyen très efficace d'échouer [rires] dans les demandes qu'on peut faire à soi, aux autres ou à l'univers, c'est de partir directement de la souffrance. Donc, l'accueil positif inconditionnel, l'empathie, la congruence, c'est des attitudes fondamentales que développent les thérapeutes en approche centrée sur la personne, mais qu'on peut développer aussi chez soi, au quotidien, dans la relation aux autres ou dans la relation à soi-même. Louis Et finalement, là, tu le montres comme une espèce de... La souffrance vient rentrer dans ce cercle de sécurité, à la fois essayer de le disloquer, mais tous ces trois éléments que tu mets initient un métabolisme de la souffrance, une sorte de transformation en autre chose. Dieudonné Exactement. La souffrance, c'est le point d'entrée. On la digère avec ces trois attitudes fondamentales et de là, on va pouvoir faire... On la digère jusqu'à contacter la beauté dont ça cherche à nous parler. Et ça, c'est le troisième point. J'ai eu du mal à accepter de le dire parce que c'est souvent inaudible. Quand il s'agit de... de violences intenses entre deux êtres humains, parler de beauté à ce moment-là, c'est inaudible. Jusqu'à ce qu'on voit comment ces trois attitudes fondamentales réussissent à transformer ça. Et ça, il y a un exemple que j'indique un peu plus loin, où on voit Marshall Rosenberg faire... Enfin, c'est la transcription d'un dialogue réunissant une personne violée, son violeur et Marshall Rosenberg qui fait la médiation entre les deux. Et c'est la transcription de ce dialogue. Et il est en ligne, je donne le lien un peu plus loin. On voit comment Marshall Rosenberg offre d'abord de l'empathie à la personne violée, et ensuite demande au violeur comment il se sent quand il entend ce que la personne vit comme conséquence de ses actes. Et là, le violeur, il dit, mais je suis un salaud, je suis un salaud... Et Marshall Rosenberg insiste, il dit, non, non, je ne te demande pas ce que tu es, je te demande ce que tu ressens. Et là, il dit, non, non, ne me demandez pas de contacter ça, c'est trop horrible, je ne peux pas... ne me demandez pas ça. et donc, je fais un résumé, mais ça va jusqu'au point où l'auteur de l'acte arrive à contacter la souffrance chez lui à l'origine du drame qu'il a occasionné. Et là, c'est réparateur, non seulement pour l'auteur, mais aussi pour la victime, pour le receveur de l'acte. Parce que ça reprend du sens pour la personne. Alors que jusque-là, elle subissait un traumatisme qui était tellement monstrueux que c'était insensé, insupportable, inaccessible, tellement c'est horrible. Et c'est bluffant de voir comment ces trois attitudes fondamentales réussissent à débloquer une situation qui semblait dramatiquement inextricable. Louis Quand tu me parles de ça, ça me fait penser finalement aux questions de violences mimétiques chez René Girard et l'idée qu'on passe notre temps à avoir plein de neurones miroirs qui s'activent dès qu'on voit l'autre, le visage de l'autre. C'est tout le travail de Lévinas aussi sur notre responsabilité en fait, dès qu'on voit le visage de l'autre dans cette rencontre d'humain à humain. Il y a comme un interdit du meurtre qui apparaît pour Lévinas, un interdit de la violence. Et pourtant, cette violence se fait et quand tu me dis ça, ça me fait penser qu'au fond, quelqu'un qui perpétue un acte de violence ou qui traumatise quelqu'un d'autre, au fond, vient chercher la réparation en le faisant à l'autre quelque part très en profondeur, même si ça paraît complètement illisible en première ligne. Au fond, il cherche des ressources extérieures parce que lui, il n'en a pas assez pour contacter ça et la réparation. Et peut-être par le biais de quelqu'un d'autre qui, s'il arrive à ne pas faire une sorte de réaction en chaîne où ça se perpétue, on pense souvent aux violences qui se perpétuent dans les familles de parents à enfants et ainsi de suite, les enfants battus, des choses comme ça, qui vont reproduire le modèle jusqu'à trouver un moment où ça s'arrêterait, où on est capable de le métaboliser et où toute la lignée est guérie. Dieudonné C'est ça. Donc, l’ACP et la CNV, le résultat, c'est d'arriver à formuler une demande et une demande qui est avec la force de la beauté qu'on a réussi à contacter. Donc, voilà. Donc, les pratiques restauratives, elles sont connues au travers de l'auto-empathie, les entretiens individuels, etc. Donc, pour ceux qui veulent creuser plus loin, je leur suggère d'aller voir du côté d’ACP et CNV. Maintenant, je vais faire la même chose, mais avec les cercles restauratifs. Et au lieu de partir de la souffrance, on va partir des conflits. Et on va voir qu'il y a des correspondances avec les trois attitudes fondamentales qu'on a vues dans la diapo précédente. Donc, pour les cercles restauratifs, tels que Dominic Barter nous a proposé de les expérimenter et dont lui a, comment dire, fait l'expérience dans les bidonvilles de Rio avec les habitants des favelas. Et donc, c'est une forme particulière. Il ne s'agit pas de la prendre et de la calquer. il s'agit de s'inspirer de ce modèle pour amener sa propre créativité dans ses communautés d'appartenance. Donc, cette forme-là, la première attitude qu'on avait vue dans la diapositive précédente, c'était l'accueil positif inconditionnel. Et bien là, il y a une personne ou plusieurs qui vont incarner cette attitude-là. Et on les appelle des facilitateurs ou des facilitatrices. C'est les personnes, elles ont une checklist des questions qu'elles sont supposées poser aux personnes et ça fait passer le dialogue entre les personnes présentes dans le cercle restauratif par trois étapes. La première, c'est la compréhension mutuelle. Et pour ça, les phrases sont vraiment toutes simples. C'est : « Qu'est-ce que tu as envie de faire entendre et à qui de ce que tu vis actuellement en relation avec l'acte et ses conséquences ? » On demande en gros, qu'est-ce que tu as envie de faire entendre et à qui ? Ça, c'est la première personne. On lui demande ça. En général, c'est la personne la plus en souffrance parce que c'est la moins disponible pour écouter les autres. Donc, on va commencer par cette personne-là. Et puis, ce n'est pas forcément l'auteur de l'acte ou le receveur de l'acte d'ailleurs. Ce sera ce que ça sera au moment où les gens sont présents dans le cercle. Et puis, on se tourne vers la personne à qui il s'est adressé. Le facilitateur se tourne vers la personne à qui il s'est adressé et lui demande : « Qu'est-ce que tu l'as entendu dire ? » Et ensuite, on revient vers l'émetteur initial et lui demande : « Est-ce que c'est ça ? » Voilà. Là, vous avez les trois répliques de base du facilitateur pendant généralement les trois quarts du temps du cercle. Et ça, c'est l'étape de compréhension mutuelle. Et c'est garanti parce qu'il y a cette structure qui a été choisie au départ par tout le monde parce que cette structure est très simple et qu'un enfant pourrait la mettre en œuvre. Compréhension mutuelle, c'est la deuxième étape qui est garantie par cette structure de dialogue toute simple qui, par sa simplicité. Oui ? Louis Une première chose, Dieudonné, c'est la première question du facilitateur et autour de cette idée de qu'est-ce que tu as envie de dire et à qui par rapport à ce qui se vit, à ce qui s'est fait, à ce qui s'est passé, à l'acte. Mais si jamais il y a une... Par exemple, ça t'est peut-être arrivé de voir que quelqu'un parle d'un acte et que l'autre le nie, fait comme si ça n'existait pas et les faits ne sont pas établis. Est-ce que dans ce cas-là, on peut avancer ou tant que les faits sont niés, comment on fait ? Dieudonné Oui, oui. Alors là, ma manière de comprendre la magie que j'ai pu observer, c'est peut-être un des effets de l'intelligence collective. C'est-à-dire que quand... Donc, ce que Dominic Barter nous recommande, c'est quand on s'entraîne à mettre en œuvre ces cercles, c'est de le vivre à minimum quatre personnes. C'est-à-dire auteur de l'acte, receveur de l'acte, membre de la communauté directement impacté et facilitateur, qui est aussi un membre de la communauté au passage. Et quand il y a ces quatre personnes, si ça reste bloqué, le dialogue reste bloqué entre deux, il y a la troisième personne, le membre de la communauté qui va avoir envie d'intervenir et ça va remettre de la circulation. Ça, c'est un des points clés de l'efficacité du truc. Parce que les deux personnes qui sont en conflit, elles ne sont pas dans le vide. il y a des gens autour d'eux. Et de là, de la présence de cette troisième personne de la communauté, il y a la conscience de la co-responsabilité qui émerge. Louis Ce qui pourrait se passer aussi, c'est que finalement, ce membre impacté de la communauté a pris partie dès le départ pour l'auteur ou le receveur. Est-ce que ça marche quand même dans ce cas-là ou est-ce qu'ils se forment comme des clans à l'intérieur du cercle ? Dieudonné Oui, oui, oui, oui, oui. Alors, en fait, du fait que tout le monde sait que la première étape, c'est la compréhension mutuelle, tant que toutes les personnes clés du conflit ne sont pas arrivées au point où elles peuvent dire oui, je me suis senti pleinement compris dans ce qui est important pour moi, eh bien, on sait qu'on ne passera pas à la deuxième étape. Louis Oui. Dieudonné Le facilitateur ne va pas décoller des questions de la première étape. Qui sont les questions de la compréhension mutuelle. Et là, je veux dire, si tout le monde dit ok, je me sens compris, on sait qu'on a fait un pas. Et parfois, parfois, très exceptionnellement, les gens peuvent croire qu'elles se sont comprises. Comme une rallonge qui serait branchée, de loin, on peut croire que la rallonge est branchée, mais en fait, le facilitateur a vu qu'elle est branchée de travers. Ils ne sont pas connectés, quoi. Ils croient qu'ils sont branchés, mais ils ne le sont pas. Alors, très exceptionnellement, là, le facilitateur peut intervenir et dire : « Moi, je n'ai pas tout à fait entendu ça. » On suppose que la personne A dit : « Voilà, moi, je vis ça. » La personne B dit : « Voilà ce que je comprends de ce que tu vis. » Et la personne A dit : « Oui, c'est ça. » Et le facilitateur voit qu’ils croient qu'ils se sont compris, mais en fait, ils ne se sont pas compris. Donc là, très exceptionnellement, le facilitateur peut dire à la personne B : « Moi, je n'ai pas tout à fait compris ça. » Il se tourne vers la personne A et il le reformule à la manière dont lui, il a compris, dont il imagine que ça permettrait de mettre en lumière l'incompréhension. Et là, après, il attend l'acquiescement de la personne A et là, il se retourne vers la personne B et lui dit : « Et maintenant, qu'est-ce que tu as entendu ? » Voilà. Louis Pour les gens qui nous écoutent, ça peut être utile aussi de préciser, j'avais une notion… Parce que ça pourrait paraître un peu idyllique ou illusoire d'arriver à réunir l'auteur et le receveur d'un acte déjà dans un cercle ! Parce qu'on n'a peut-être pas du tout envie ni de se parler ni de se rencontrer, qui sont très habitués à la justice punitive où de toute manière, il y a un papa tutélaire qui va décider à leur place qu'est-ce qui va se passer, qui est le juge. Il y a souvent besoin quand même de pré-cercle, c'est-à-dire de préparation à ça. Dieudonné Ah oui, c'est indispensable. Enfin, dans ce processus-là que je suis en train de vous décrire, il y a les avant-cercles. Alors ça, tu fais bien de le rappeler. C'est-à-dire que là, ce que je vous décris, c'est le cœur du réacteur, mais il ne marche pas tout seul le réacteur, il appartient à un système restauratif. Et le système restauratif, qui lui-même contient un processus restauratif. Je le détaillerai plus loin dans la diapo, on voit les trois cercles successifs, le système, le processus et le cercle physique lui-même. Mais c'est vrai que l'étape des avant-cercles est essentielle. C'est-à-dire que le facilitateur reçoit d'abord la demande de l'initiateur du cercle et il fait un avant-cercle avec cette personne. Ça dure un quart d'heure, vingt minutes. Et ensemble, ils vont balayer un certain nombre de questions. Et à la sortie de ça, il y aura un acte qui aura été retenu comme particulièrement symbolique pour la personne de ce que représente le conflit pour elle. il y aura les personnes invitées en réponse à la question : « De qui la présence est nécessaire ? » qui est très différente de : « Qui tu as envie qu'il soit là ? » C'est : « de qui la présence est nécessaire ? » Et ça, c'est des subtilités dont on se rend compte par la pratique quand on s'est trompé quelquefois et qu'on a dit : « qui tu veux qu'il soit là ? » au lieu : « de qui la présence est nécessaire ? » et qu'on voit que le gars, il va chercher ses copains pour en foutre plein la gueule sur l'autre mais que ça ne va pas aider à débloquer la situation. Donc, ça, c'est des nuances dont on prend conscience comme tu disais au début. On prend compte de l'importance de nuances qu'on n'a pas captées au premier coup. Louis Et puis, c'est en fait vraiment mettre la lumière sur des choses qui très souvent sont faites de manière complètement intuitive, instinctive. Ok, on va faire une réunion pour résoudre tout ça dans le groupe. Mais en fait, chacun avance, fait un avant-cercle où il cherche ses alliés. Comment on va réussir à tordre l'issue de la réunion, etc. Là, l'enjeu, c'est d'arriver à mettre vraiment de la clarté là-dessus. C'est-à-dire qu'est-ce que vous cherchez à faire ? Est-ce que vous cherchez à accueillir l'intensité de ce qui se vit et à contacter la beauté et à réparer quelque chose ou pas ? Et vous pouvez tordre le cercle restauratif à plein de moments. Dieudonné C'est ça. Tout à fait. Et un autre point clé qui est souvent oublié, c'est l'avant-cercle du facilitateur. C'est-à-dire que le facilitateur, une fois qu'il a dit « Ok, je vais faciliter ce cercle », il peut se mettre à avoir la pétoche. Et là, c'est bien qu'il y ait des co-facilitateurs c'est même essentiel parce que c'est souvent ce qu'on oublie, c'est que le facilitateur va avoir besoin de soutien pour lui-même dans ce rôle. Et c'est important qu'il puisse être faillible et qu'il puisse passer la main. Et donc, pour ça, il peut convenir avec un co-facilitateur de lui passer la feuille comme signal pour lui dire « Voilà, je ne suis plus en état de faciliter, est-ce que tu veux bien prendre le relais ? » Parce que j'ai été trop touché moi-même par ce qui est en train de se vivre et je n'arrive plus à accueillir l'intensité de ce qui se vit. Ça m'a trop bouleversé, ça m'a trop touché émotionnellement moi-même. Donc, je ne peux plus tenir ce rôle du facilitateur qui est omnipartial, qui est complètement avec chacun. Son rôle, ce n'est pas d'être impartial comme la justice qui a les yeux bandés, c'est d'être omnipartial, d'être complètement avec chacun. Donc, deuxième étape : compréhension mutuelle. et troisième étape, alors ça, on y vient, en fait, c'est tout le groupe qui y vient spontanément. C'est-à-dire que quand la compréhension mutuelle est, comment dire, atteinte, c'est-à-dire que chacun est arrivé au point où il peut dire « oui, je me suis senti complètement compris de qui j'avais envie d'être compris ». Quand chacun est arrivé là, en général, il y a beaucoup d'émotions qui sont sorties, il y a beaucoup d'intensité qui a été atteint. Le cadre de sécurité a permis que ça advienne et quand les gens arrivent à se rejoindre dans la réalité de l'intensité de ce qu'ils vivent, eh bien, spontanément, les gens reconnaissent, ont envie de parler de leur part de responsabilité dont ils ont pris conscience. En général, il y a plein de prises de conscience qui se font dans ces moments-là. Et c'est ça qui est beau d'ailleurs, c'est ces prises de conscience. Et chacun a envie de dire « écoute, je suis désolé d'avoir contribué à ce drame en tenant tel rôle dans ce scénario, dans ce scénario dramatique ». Et cette autoresponsabilisation permet d'aller jusqu'au projet d'action. Voilà. le projet d'action va être le résultat de ces reconnaissances de part de responsabilité de chacun. Et c'est à ce moment-là qu'on sait qu'on a contacté la beauté. Voilà. Et donc là, les pratiques restauratives, alors, là, c'est là que je commence à parler de système restauratif parce que pour arriver à vivre un cercle restauratif, il faut avoir créé le système restauratif, il faut avoir créé la forme, le protocole, le processus qui va convenir aux membres de la communauté. Et là, si tu viens et tu parachutes : « ça y est, j'ai la solution, ça s'appelle cercle restauratif, on va faire comme ça », ça ne marche pas. Il faut que ce soit la communauté qui se soit créé son système restauratif. Sa réponse, à elle, aux trois questions systémiques. D'habitude, quand il y a une tension, un désaccord, un conflit : - qu'est-ce qu'on fait d'habitude qui marche - qu'est-ce qu'on fait d'habitude qui ne marche pas si bien - comment on rêverait que ça se passe. Je vais en parler un peu plus loin. Donc, co-créer un système restauratif, ça, c'est le point clé, et là-dessus, il y a un exemple que j'aime bien, c'est une amie CPE du lycée de Libourne qui se reconnaîtra, qui avait, pendant un an, accompagné une classe pour qu'elle se crée son système restauratif avec son propre vocabulaire, ses propres mots. Et à la fin de l'année, elle disait sa déception que personne n'ait appelé un cercle. Et les élèves lui ont dit : « Mais en fait, il n'y a pas eu besoin parce que tout le soin qu'on a pris à créer notre système restauratif, ça a renforcé notre attention les uns aux autres. Et du coup, on a pu anticiper tous les conflits qui pouvaient survenir et donc, il n'y a pas eu besoin. » Voilà. Louis Donc, au fond, le fait de créer le système restauratif amène presque tout le monde déjà à l'autoresponsabilisation et la compréhension mutuelle. Donc, en fait, ça y est, c'est comme si tu te dotais toi-même de ton propre système de justice à l'échelle d'un pays pour donner un parallèle aux gens qui nous écoutent. Actuellement, on subit la justice telle qu'elle est construite avec tous ses manquements, sa faillite, sa corruption. Si c'est nous-mêmes qui nous donnons à nous-mêmes notre propre système de solution, en général, ça veut dire que le groupe va bien et très sain et que les relations au sein du groupe sont saines. Dieudonné C'est ça. Voilà, donc la pratique restaurative, c'est d'abord ça. Moi, au départ, je pensais que c'était le cercle restauratif qui était la pratique restaurative la plus importante, mais en fait, non, c'est la création du système restauratif. C'est ça, le... ça me fait penser à une blague. Qu'est-ce qu'un super bon pilote ? C'est un pilote qui utilise son super jugement pour anticiper les situations super critiques qui pourraient l'amener à utiliser ses super compétences. [rires] Une petite blague. Bon, alors, donc, à quoi sert ce système restauratif ? Eh bien, ça permet à chaque membre de sa communauté d'appeler un cercle restauratif. Il se sent en confiance que s'il y a un problème, il va pouvoir dire « Eh, moi, là, je vis un truc, je n'arrive pas à m'en sortir tout seul, j'ai besoin d'aide. Est-ce que quelqu'un est disponible pour m'aider ? » Ah, voilà. Et donc, c'est un peu ça la raison d'être du truc. Louis C’est aussi l'idée d'une sorte de prévention, quelque part, on ne va pas jusqu'au moment où tout est enquisté avec des relations complètement pourries jusqu'à l'os. C'est dès que ça ne va pas, si quelqu'un est capable de le dire, c'est qu'on va réussir à le résoudre simplement. Dieudonné C'est ça. Alors, bon, on peut avoir aussi des conflits qui étaient sous-jacents et qu'on n'avait pas vu venir du tout, des trucs transgénérationnels qui nous pètent à la gueule. Voilà, donc, la position d'humilité comme dans mon métier est très utile aussi là. Alors là, je vous partage un piège habituel parce que, comme dans tous les processus, il y a les bons pièges associés et ça aussi, je le dois un peu à mon métier, c'est que quand une procédure était mise en œuvre pour faire face à des situations critiques, de connaître les pièges associés à cette procédure, c'est utile, c'est utile de se les dire et c'est le partage d'expériences des uns et des autres qui fait qu'on devient plus intelligent collectivement de ces situations. Donc là, le piège habituel, c'est de partir directement de sa souffrance et de faire une demande à partir de là, voilà, sans contacter la beauté dont ça cherche à nous parler. Donc, quand on est en colère, on sait que si on prend des décisions à ce moment-là, on risque de faire un peu de bêtises. Voilà, on peut prendre cet exemple-là. Je ne vais pas détailler, mais c'est assez simple. Et pour les cercles restauratifs, c'est une analogie avec la diapo précédente, c'est de dire, voilà, tu es l'auteur de tel acte, tu mérites telle sanction. Voilà, c'est tout. C'est à peu près aussi simpliste et aussi inefficace. Alors, cette diapo, elle n'est pas très visible, donc je vais vous la lire. Ce sont les dernières phrases que Saint-Exupéry a écrites en partant d'Afrique du Nord pour sa dernière mission en vol. Ce qui allait devenir sa dernière mission, il ne le savait pas au moment où il partait. Peut-être. Mais on peut se demander. Il a écrit : « Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m'épouvante, je hais leur vertu de robots. Moi, j'étais fait pour être jardinier. Je vous embrasse. » Voilà, donc, avec le recul, « Je hais leur vertu de robots » je trouve que ça parle déjà un petit peu du paroxysme du matérialisme qu'on est en train de vivre. Louis C'est une réalité prégnante dans le domaine de la justice et de la réparation du dommage, c'est qu'on va vers une intelligence artificielle algorithmique en charge de gérer nos conflits et on se dit, bon, d'un côté, ce sera sûrement mieux qu'une justice corrompue, dégueulasse, où on vous prend votre gamin parce que vous avez décidé de ne pas le vacciner ou des trucs comme ça. D'un autre côté, bon, il manque la... il y a une part manquante évidente, quoi, qui est la part d'humanité de restauration là-dedans. Dieudonné Voilà. Mais quand je sais que Saint-Exupéry est l'auteur du livre en français le plus édité au monde, j'ai assez confiance qu'on est sur la bonne route. Ça, c'est un truc sur quoi Patrick Viveret a attiré notre attention. Il disait : « C'est vrai, on a l'impression qu'on n'avance pas, que ça va, lentement, avec tout ce qu'on a découvert, ça aurait pu changer depuis le temps. » Mais il dit : « Mais regardez ça sur le temps long. À l'échelle de l'humanité, la suppression de la peine de mort, c'est très récent. Le mariage d'amour, c'est très récent. Avant, on transmettait une dot. Bon, et donc, il nous faut retrouver des équilibres dans notre manière de vivre ensemble avec des ingrédients qui sont très nouveaux. » Voilà. Donc, peut-être qu'à l'échelle de l'évolution de l'humanité, « aimez-vous les uns les autres », c'est encore un peu trop récent, un peu trop nouveau. [rires] |
Dieudonné
So I'll start the slide show again. So, on implementation. So, after all these wonderful encounters and experiences, we came up with the idea, as I said, of setting up this practice and research group in Bordeaux. We've set up a site called cerclesrestauratifs.org, which is a wiki, a sort of place where anyone who has experience of restorative circle practice can come and contribute, report on a practice group that has just been set up, and so on. Louis A word on this, on this wiki. Everything you've done, in general, has been cooperative. I see at the bottom of your slideshow that there's a certain licence. Can you explain it to people? Perhaps in two words, because people may want to find this information, try to back it up, perhaps even use it to talk to others. In everything you've done, there's the idea of a kind of learning cascade, that it doesn't stop with you and me, and that people can take it over. Dieudonné That's it, that's it. So the licence is a Creative Commons licence, which comes from an American lawyer, I think. And that's the whole movement initiated by free software, in fact, whose mindset is to protect a work, a creation, rather than protecting it by restricting access to it, we protect it by preventing anyone from appropriating it. It's a reverse copyright, in other words it's a copyleft for pun's sake. And then there's Laurence Lessig, I think, the guy behind Creative Commons. He came up with the idea of defining the degrees of freedom in which we wanted this work to be transmitted. And in this case, the one I've chosen is "By", which means we quote the source, "Non Commercial", which means we don't want it to become a commercial product, we want it to continue to be distributed freely without you having to buy it, we don't want there to be a price tag on it, very simply. And that's one of the things Dominic Barter has developed. That's why he didn't say workshops or training courses, he said they're sessions, places where we come to share our experiences. And then, s "hare alike" means that we want it to be shared with the same licence for works inspired by it. And Dominic's idea was to say that he had discovered this in the slums of Rio, with very, very poor people, and that it would be unthinkable for him to organise a training course that a person couldn't come to because they couldn't afford it. It wouldn't be in keeping with the gift he received. Louis It goes with the idea of restorative circles. There's no scarcity, there's abundance, there's plenty to share. And you make all these resources available to the whole group to which you belong. So people can collect them, but not sell them. And there has to be a certain reverence for heritage, citing where it comes from. Dieudonné That's it, that's it, that's it. So, in 2017, I had the great good fortune that the pioneers of aviation had found that this was an age at which you could retire. Fortunately, I'm still benefiting from it today. And I was able to devote myself even more freely to what motivated me most at the time. It was to contribute to the emergence of a way of life that was as attractive as the Western way, but sustainable. Because one of the things that struck me during my thirty-odd years of moving around the planet was to see that our Western model was very attractive to many people on the planet, but was becoming unsustainable because there were no longer enough raw materials for everyone to enjoy these lifestyles. And then, such unbearable pollution, not to mention everything else. Now, I don't claim to offer an online training course in restorative circles, but I will give you some of the key points that I became aware of while looking for the points in common between the approaches I mentioned earlier, PCA, NVC and restorative circles. So I suggest you think of our body as the instrument panel of an aeroplane. Incidentally, I've just discovered that Bernardo Kastrup has made an analogy in the same vein, but it's in a very, very, how shall I say, philosophical, very, very abstract field. At the moment, I haven't quite understood everything, but I was amused to see that he had made the same analogy. So, in our upbringing, we were taught to work from there to there, through our heads, and not to let ourselves be polluted by the signals coming from our bodies, which are considered to be parasites, that's all. And thanks to the stress management training I received at Air France, to train Air France managers who could be called upon to sit on crisis teams, I learnt that these stress signals that we can perceive with our bodies are very precious and that it is in our interest to learn to listen to them because they give us information that our brain has not yet picked up on, has not yet digested. And so the intensity of the stress signals we can receive from our body will continue to speak all the louder because we won't have heard what it's trying to tell us, that's all. Hence the analogy with the dashboard and the colour of the warning lights and the intensity of the alarms that can alert us. So there's this analogy between conflict and stress, and the way in which the body seeks to speak to us or our communities. And so we can make the analogy, extending it to the conflicts that can arise in the communities to which we belong, whether family, friends or work colleagues. We all have occasion to experience tensions, disagreements and conflicts, all of which lead to feelings of dissatisfaction. Well, we can either choose to sweep them under the carpet and say, "OK, I'll crush this, I'll take some medicine to soothe this discomfort in my body", or we can hear that it's trying to tell us something important that we haven't heard before. And that's it. So how do you take care of it? So that's where we come in. And what I'm going to do is take another analogy with my job. It's all about "life-saving gestures". In my job, we learn that when we're under a lot of stress, our mental capacities and cognitive resources weaken and diminish. So we'd better have some very solid points of reference so that we can come back to them very easily. For example, during my training, we were entitled to aerobatic flying lessons. Not that the plan was to do aerobatics with airliners, but that if one day you found yourself on your back because of exceptional turbulence or a completely unexpected situation, you wouldn't be completely helpless because you'd already experienced such intensity in the air and you knew you could get out of it. We do four simulator sessions a year, four four-hour sessions, and we voluntarily expose ourselves to very stressful situations to train ourselves to react in a healthy way, generally quite quickly. Louis So, do I have a question here? Dieudonné Yes. Louis You talk about this space of safety in which we could evolve and which is necessary to get back to basics, not panic in a situation of stress, tension, etc. And you mention the simulator, which takes us into something even more dangerous in the end, but which is a bit fictitious. So, this safety space would allow you to go and find zones of discomfort while remaining in the simulator somewhere. Dieudonné That's it, then. Louis But in the life of the groups and collectives, I would have had the impression that a safe space could simply be the palaver at the foot of the tree, a ritual every Saturday, doing Shabbat together on Friday evening or eating Sunday lunch with the whole family. It's those safe spaces where you know it's going to stay anyway. Whatever happens. Dieudonné Yes. What I would use as an analogy is what we do in our Restorative Circle practice and research groups. We're making half-simulated circles. In other words, someone brings in a conflict situation that they are personally experiencing outside the group, which does not involve any other person in the group, and they use this as a teaching aid to practise facilitating dialogue. And there are other people in the group who play key people in this situation, and this gives one or more people the opportunity to practise facilitating. And we create a safe space. You're in a flight simulator and all of a sudden you have an engine fire, explosive depressurisation, smoke in the cockpit, all situations that are extremely stressful in real life. So in the simulator, it's still stressful, because if you don't manage it in the simulator, you say to yourself, if it had happened to me in real life, I wouldn't have managed it either. So that can be a big source of stress. And then there's also the fact that these simulator sessions can be an opportunity for the instructor on board to say to the pilot, look, sorry, with the performance you've shown, I'm going to have to stop you flying and you're going to go back to training to bring yourself up to scratch, to inspire enough confidence in the people who are going to authorise you to practise your profession. I don't know if this exists among surgeons or when a surgeon makes a very bad performance, his colleagues tell him, listen, it's better that you stop and take a little holiday, you can recharge your batteries, look at how other colleagues are doing, re-train yourself, etc. I don't know if that's possible in your profession. Louis It should be possible, but it's not really in place yet. Often, we go as far as the error, the obvious error, before the simulation. So this safe space is a space where we can play, where we can talk about possibilities and all that. I understand that this would be a kind of training before the conflict. Once a conflict has exploded, is it possible to regain a sense of security? Dieudonné Yes, yes, yes. So, yes, I gave you the example of simulation, which is a way of training, but it's true that where it's going to be useful is when we find ourselves in an unprecedented conflict, something we've never encountered before in our lives, or perhaps we've encountered it before, but we're overwhelmed by our emotions, we're in an emotional storm, just as we can enter a storm, we can find ourselves caught in an air storm. And then you know you don't have many resources left, so it's very important to have a very compact formula, a very simple structure that you know you can come back to and get back to being intelligent with the other people present. And so, for example, when I'm flying, we know that in the "life-saving gestures", there was a formula that I said in 2018 and that you repeated, which is when you're on your back, for example, we call that an unusual position, we say, to get back to a safe space, so we say "put the wings level, the nose on the horizon, and put the throttle back a little". We know that if we try to keep our wings level, our nose on the horizon and a little throttle, little by little we'll return to a safe area. And so I looked for a formula in the same style to manage tensions, disagreements and conflicts. What could be the compact formula in three key words, such as "wings level, nose on the horizon, a bit of gas"? Is there a compact formula like that that could be useful when you're arguing with your partner or in any other situation where you feel very helpless? So the first thing is to create a safe space. So that's the first key word. Louis Can this safe space simply mean bringing together people you trust and love? Dieudonné Of course it is. Louis Because that's what a lot of people do spontaneously. Basically, when they have a conflict, they go and see their best friend for a quiet drink in the bar where they usually go and look at the horizon again. Dieudonné Of course it is. It could be going for a walk in the forest, sitting down and doing ten minutes of silence and listening to your body, eyes closed, listening to your breathing. It could be going for a run by the sea. Anything that we know is good for us and that we can find our bearings, take care of our loved ones, all the things that we know are good for us and that work. So we need to create a safe space to welcome the intensity of what's happening. So the two key words here are safety and intensity. So, for ACP and NVC, I'll take the example of a moment when there's suffering. That's the entry point. And what do CPA and NVC propose? They propose three points. Unconditional positive acceptance, empathy and congruence. So congruence is the least common word. But to put it simply, I'd say it's both authenticity and awareness of what's going on inside you. Because I could say, here, I'm not stressed at all and then you see that my whole body is giving off stress, you could say that I'm not congruent. Because I don't share the reality of what I'm experiencing, in fact. So congruence is when there's agreement between what you show and what you experience inside. There's no gap between the two. Louis And there's already an extraordinary difficulty here, because events can occur where unconditional positive acceptance and empathy are completely undermined. It's so intense that you're revolted, you're angry, you want to fight, you think it's disgusting, that the other person is a bastard, and so on. You see, where's the valve for that, for achieving unconditional positive acceptance? Is that possible, or do you have to purge those emotions first? Dieudonné In fact, for me, non-violent communication has really helped me to realise that fundamental human needs are not in conflict with each other. I mean, my need for freedom isn't in competition with your need for security. It's the strategies we employ that can be in tension. But if I come back to human needs, it's the life force, in fact, that is... It's one of the things I've gained from non-violent communication, it's regaining confidence in the nature of human beings. And when human beings come to take pleasure in the suffering of others, it's because they've lost touch with their deepest human nature. Because an infant, from birth, is capable of empathy, in fact. Contributing to the happiness of others is one of the greatest sources of satisfaction. So if I'm contributing to the suffering of another person, it's probably because there's a... If I'm enjoying this, then there's a bug. I think there's a system bug. So, when I see that there's something... If I contribute to the suffering of another person, for example, well... Or rather when I'm angry, etc. For me, these are signals that I need to take in: "What's going on inside me? Because if I make a request directly from my suffering, and this is something I'll show a little further on in the next slide, one very effective way of failing [laughs] in the requests we can make to ourselves, to others or to the universe, is to start directly from suffering. So unconditional positive acceptance, empathy and congruence are fundamental attitudes developed by therapists in the person-centred approach, but they can also be developed at home, on a daily basis, in our relationships with others or with ourselves. Louis And then, finally, you show it as a kind of... Suffering enters this circle of security and tries to dislocate it, but all these three elements that you put in initiate a metabolism of suffering, a kind of transformation into something else. Dieudonné Exactly. Suffering is the point of entry. We digest it with these three fundamental attitudes and from there, we'll be able to... You digest it until you come into contact with the beauty it's trying to tell us about. And that's the third point. I've found it hard to accept saying this because it's often inaudible. When it comes to... of intense violence between two human beings, to speak of beauty at that moment is inaudible. Until we see how these three fundamental attitudes can transform that. And there's an example I'll give a little further on, where we see Marshall Rosenberg doing... Finally, a transcript of a dialogue between a raped person, her rapist and Marshall Rosenberg mediates between the two. And this is the transcript of that dialogue. And it's online, I'll give the link a little further on. We see how Marshall Rosenberg first offers empathy to the person who has been raped, and then asks the rapist how he feels when he hears what the person is experiencing as a result of his actions. And then the rapist says, I'm a bastard, I'm a bastard... And Marshall Rosenberg insists, he says, no, no, I'm not asking you what you are, I'm asking you what you feel. And then he said, no, no, don't ask me to contact that, it's too horrible, I can't... don't ask me that. and so I'm summarising, but it goes right up to the point where the perpetrator is able to contact the suffering in himself that caused the tragedy he caused. And this is restorative, not only for the perpetrator, but also for the victim, for the recipient of the act. Because it makes sense for the person. Until then, she had been suffering from a trauma that was so monstrous that it was insane, unbearable, unattainable, so horrible. And it's amazing to see how these three fundamental attitudes can unblock a situation that seemed dramatically inextricable. Louis When you talk to me about this, it makes me think of René Girard's questions about mimetic violence and the idea that we spend our time having lots of mirror neurons that activate as soon as we see the other person, the other person's face. It's all the work of Levinas, too, on our responsibility in fact, from the moment we see the face of the other in this human-to-human encounter. For Levinas, there is a kind of ban on murder, a ban on violence. And yet, this violence happens and when you tell me this, it makes me think that, deep down, someone who perpetrates an act of violence or who traumatises someone else is seeking reparation by doing it to the other person somewhere very deep down, even if it seems completely illegible at first glance. Basically, he's looking for outside resources because he doesn't have enough of his own to get in touch with this and repair it. And perhaps through someone else who, if they manage not to create a kind of chain reaction where it is perpetuated, we often think of the violence that is perpetuated in families from parent to child and so on, battered children, things like that, who will reproduce the pattern until they find a moment when it stops, when they are able to metabolise it and the whole lineage is healed. Dieudonné That's it, then. So, the result of PCA and NVC is to be able to formulate a request, and a request that has the strength of the beauty that we have managed to contact. So there you have it. So, restorative practices are known through self-empathy, individual interviews, and so on. So, for those who want to dig deeper, I suggest they look at PCA and NVC. Now I'm going to do the same thing, but with restorative circles. And instead of starting from suffering, we're going to start from conflict. And we'll see that there are correspondences with the three fundamental attitudes we saw in the previous slide. So, for the restorative circles, such as Dominic Barter has suggested we try out and which he has, how shall I put it, experienced in the shanty towns of Rio with the inhabitants of the favelas. So it's a special form. It's not a question of taking it and copying it. The idea is to draw inspiration from this model to bring our own creativity to the communities to which we belong. So this form, the first attitude we saw on the previous slide, was unconditional positive acceptance. Well, there's one or more people who will embody that attitude. And they are called facilitators. They have a checklist of questions they are supposed to ask people and this takes the dialogue between the people present in the restorative circle through three stages. The first is mutual understanding. And for that, the sentences are really quite simple. It is : "What do you want to get across and to whom about what you are currently experiencing in relation to the act and its consequences?" Basically, we ask, what do you want people to hear and to whom? That's the first person. We ask him that. In general, it's the person who suffers the most because they're the least available to listen to others. So we'll start with this person. And it's not necessarily the author of the deed or the recipient of the deed either. It will be what it is when people are in the circle. And then you turn to the person you're talking to. The facilitator turns to the person he or she has been talking to and asks: "What did you hear him say?" Then we go back to the original sender and ask: "Is that it?" And that's it. Here, you have the three basic lines from the facilitator for generally three quarters of the time in the circle. And that's the mutual understanding stage. And it's guaranteed because there's this structure that was chosen at the outset by everyone because it's a very simple structure that a child could put into practice. Mutual understanding: this is the second stage guaranteed by this simple dialogue structure, which, by its very simplicity. Yes ? Louis The first thing, Dieudonné, is the facilitator's first question, based on the idea of what you want to say, and to whom, about what's happening, what's been done, what's happened, the act. But if ever there's a... For example, you may have noticed that someone is talking about an act and the other is denying it, pretending it doesn't exist and the facts are not established. In that case, can we move forward, or as long as the facts are denied, what do we do? Dieudonné Yes, yes. So my way of understanding the magic I've seen is perhaps one of the effects of collective intelligence. In other words, when... So, what Dominic Barter recommends is that when you're practising these circles, you should do them with at least four people. That is to say, the author of the act, the recipient of the act, the member of the community directly impacted and the facilitator, who is also a member of the community in passing. And when there are these four people, if the dialogue remains blocked between two of them, there's a third person, a member of the community who will want to intervene and get things moving again. That's one of the key factors in the effectiveness of the system. Because the two people who are in conflict are not in a vacuum. there are people around them. And from there, from the presence of this third person in the community, the awareness of co-responsibility emerges. Louis What could also happen is that, in the end, this affected member of the community has sided with the author or recipient from the outset. Does it still work in this case or do they form clans within the circle? Dieudonné Yes, yes, yes, yes, yes. So, in fact, because everyone knows that the first stage is mutual understanding, until all the key people in the conflict have reached the point where they can say yes, I feel fully understood in what is important to me, well, we know that we won't move on to the second stage. Louis Yes. Dieudonné The facilitator will not take questions from the first stage out of the equation. Which are the questions of mutual understanding. And there, I mean, if everyone says ok, I feel understood, we know we've taken a step. And sometimes, very exceptionally, people can believe that they understand each other. Like an extension cord plugged in, from a distance you might think it's plugged in, but in fact the facilitator has seen that it's plugged in crookedly. They're not connected. They think they're connected, but they're not. Then, very exceptionally, the facilitator can step in and say: "I didn't quite hear that. It is assumed that person A says : "That's how I live it. Person B says: "Here's what I understand about what you're going through. And person A says: "Yes, that's it." And the facilitator sees that they think they've understood each other, but in fact they haven't. So, very exceptionally, the facilitator can say to person B : "I didn't quite understand that. He turns to person A and rephrases it in the way he understands it, in the way he imagines would help to highlight the misunderstanding. Then he waits for person A to agree, and turns to person B and says: "And now, what have you heard?" And that's it. Louis For the people listening to us, it might also be useful to clarify, I had a notion... Because it might seem a little idyllic or illusory to manage to bring together the author and recipient of an act already in a circle! Because we may not want to talk to or meet each other at all, who are very used to punitive justice where, in any case, there's a guardian father who's going to decide for them what's going to happen, who's the judge. There is often a need for a pre-circle, i.e. preparation for this. Dieudonné Oh yes, it's indispensable. Finally, in this process I'm describing to you, there are the pre-circles. You're right to point that out. In other words, what I'm describing here is the heart of the reactor, but the reactor doesn't work on its own, it's part of a restorative system. And the restorative system, which itself contains a restorative process. I'll go into more detail later in the slide, where we see the three successive circles, the system, the process and the physical circle itself. But it's true that the pre-circle stage is essential. In other words, the facilitator first receives the request from the initiator of the circle and makes a pre-circle with this person. It lasts fifteen or twenty minutes. And together, they will examine a number of issues. And at the end of this, there will be an act that has been chosen as particularly symbolic for the person of what the conflict represents for them. there will be the people invited in response to the question: "Whose presence is needed? which is very different from : "Who do you want him to be there?" The question is: "Whose presence is needed? And these are subtleties that you realise in practice when you've sometimes made a mistake and said "who do you want there?" instead of "who do you need there?" and you see that the guy is going to get his mates to take it out on the other person, but that's not going to help the situation. So these are nuances that you become aware of, as you said at the beginning. You realise the importance of nuances that you didn't catch at first. Louis And then, it's really shedding light on things that are very often done in a completely intuitive, instinctive way. OK, we're going to have a meeting to resolve all this within the group. But in fact, everyone is moving forward, looking for allies. How will we manage to twist the outcome of the meeting, etc.? The challenge here is to achieve real clarity. In other words, what are you trying to do? Are you looking to embrace the intensity of what's going on, to get in touch with beauty and repair something or not? And you can twist the restorative circle at any number of moments. Dieudonné That's it, then. That's right. And another key point that is often forgotten is the facilitator's pre-circle. In other words, once the facilitator has said "OK, I'm going to facilitate this circle", he or she can start to get nervous. And it's good that there are co-facilitators - it's even essential because that's what we often forget, that the facilitator is going to need support for himself in this role. And it's important that he can be fallible and that he can hand over the reins. And so, to do this, he can agree with a co-facilitator to pass him the sheet of paper as a signal to say "There, I'm no longer in a position to facilitate, would you please take over? Because I've been too affected by what's happening and I can't take in the intensity of what's happening. It upset me too much, it affected me too much emotionally myself. So I can no longer play the role of the omnipartial facilitator, who is completely with everyone. Its role is not to be impartial like the blindfolded judiciary, but to be omnipartial, to be completely with everyone. So step two: mutual understanding. And thirdly, we're getting there, in fact the whole group is spontaneously getting there. In other words, when mutual understanding is, how shall I put it, achieved, that is, when each person has reached the point where they can say "yes, I felt completely understood by those I wanted to be understood by". When everyone gets there, generally speaking, a lot of emotions come out, a lot of intensity is reached. The safety framework made it possible for this to happen and when people are able to come together in the reality of the intensity of what they are experiencing, well, spontaneously, people recognise and want to talk about their share of the responsibility that they have become aware of. In general, there's a lot of realisation that comes at moments like these. And that's the beauty of it, these realisations. And everyone wants to say "look, I'm sorry for having contributed to this tragedy by playing such and such a role in this scenario, in this dramatic scenario". And this self-empowerment enables us to take action. And that's it. The action plan will be the result of recognising everyone's share of responsibility. And that's when you know you've touched beauty. And that's it. This is where I start talking about restorative systems, because in order to live a restorative circle, you need to have created the restorative system, the form, the protocol, the process that will suit the members of the community. And then, if you come along and parachute in: "that's it, I've got the solution, it's called a restorative circle, we'll do it like this", it doesn't work. The community has to create its own restorative system. Her answer to the three systemic questions. Usually, when there is tension, disagreement or conflict : - what we usually do that works - what do we usually do that doesn't work so well? - how we'd like it to be. I'll talk about this a little further on. So, co-creating a restorative system, that's the key point, and there's an example that I like, it's a friend of mine who's a CPE at the lycée in Libourne, who will recognise herself, who had, for a year, helped a class to create its own restorative system with its own vocabulary, its own words. And at the end of the year, she expressed her disappointment that nobody had called a circle. And the students said to him: "But in fact, there was no need because all the care we took to create our restorative system strengthened our focus on each other. As a result, we were able to anticipate any conflicts that might arise, so there was no need. And that's it. Louis So, basically, the creation of the restorative system is already leading almost everyone to self-responsibility and mutual understanding. So, in fact, here we are, it's as if you had your own country-wide justice system to give a parallel to the people who are listening to us. At the moment, we have to put up with the justice system as it is, with all its failings, its bankruptcy and its corruption. If we're the ones who come up with our own solutions, it usually means that the group is doing well and that relationships within the group are healthy. Dieudonné That's it, then. So that's what restorative practice is all about. Initially, I thought it was the restorative circle that was the most important restorative practice, but in fact, no, it was the creation of the restorative system. That's the... It reminds me of a joke. What makes a great driver? He's a pilot who uses his super judgement to anticipate super critical situations that might lead him to use his super skills. [laughs] A little joke. So what's the point of this restorative system? Well, it allows everyone in their community to call a Restorative Circle. They feel confident that if there's a problem, they'll be able to say "Hey, I'm going through something here, I can't cope on my own, I need help. Is anyone available to help me?" Ah, here we are. So that's what the whole thing is about. Louis It's also the idea of a kind of prevention, in that we don't go so far as to investigate everything with relationships that are completely rotten to the core. As soon as something goes wrong, if someone is able to say it, we'll be able to resolve it simply. Dieudonné That's it, then. So, of course, we can also have underlying conflicts that we didn't see coming at all, trans-generational things that blow up in our faces. So the position of humility, as in my profession, is very useful here too. So here I'm sharing a common trap with you because, as in all processes, there are good pitfalls associated with them, and I owe a little of that to my job too, which is that when a procedure was implemented to deal with critical situations, it's useful to know the pitfalls associated with that procedure, it's useful to tell each other about them and it's by sharing experiences that we collectively become more intelligent in these situations. So the usual trap is to start directly from the suffering and to make a request from there, without contacting the beauty it's trying to tell us about. So when you're angry, you know that if you make decisions at that moment, you run the risk of doing something stupid. That's one example. I won't go into detail, but it's quite simple. And for restorative circles, it's an analogy with the previous slide, which is to say, here you are, you did this, you deserve this punishment. That's all there is to it. It's just as simplistic and just as ineffective. This slide isn't very visible, so I'll just read it to you. These were the last words Saint-Exupéry wrote as he left North Africa on his last flight. He didn't know what his last mission would be when he left. Perhaps he did. But you have to wonder. He wrote: "If I go down, I won't regret a thing. The termite mound of the future frightens me, I hate their robotic virtue. I was made to be a gardener. I send you my love." So, with hindsight, "I hate their robot virtue". I think it already speaks a little of the paroxysm of materialism we're living through. Louis It's an ever-present reality in the field of justice and compensation for damage that we're moving towards algorithmic artificial intelligence in charge of managing our conflicts and we say to ourselves, well, on the one hand, that'll surely be better than a corrupt, disgusting justice system, where they take away your kid because you decided not to vaccinate him or things like that. On the other hand, well, the... there's an obvious missing element, which is the human element of restoration. Dieudonné And that's it. But when I know that Saint-Exupéry is the author of the most widely published book in French in the world, I'm fairly confident that we're on the right track. This is something to which Patrick Viveret drew our attention. He said: "It's true, we have the impression that we're not making any progress, that things are going slowly, with everything we've discovered, things could have changed by now. But he said: "But look at it over time. In human terms, the abolition of the death penalty is a very recent development. Love marriage is a very recent phenomenon. We used to pass on a dowry. So we need to find a new balance in the way we live together, with some very new ingredients. And that's it. So, perhaps on the scale of human evolution, "love one another" is still a little too recent, a little too new. [laughs] |
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