Mattias Desmet/2025.02.13
7 min de lecture
Du Michigan à la Californie - Lapis Lazuli
Source : https://words.mattiasdesmet.org/p/from-michigan-to-california-lapis
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| Dear friends,
I have just returned from a lecture tour in the United States. I began in the north, in Michigan. I was invited by Hillsdale College, a university like few others, determined in its own vision and ideology but with a real openness to the Other. It was an honor to speak at a place where so many remarkable individuals have preceded me, and at a moment when America is seeking its way to the future between feverish enthusiasm and wary anticipation. Many thanks, straight from the heart, to Hillsdale. Mattias Desmet is a reader-supported publication. To receive new posts and support my work, consider becoming a free or paid subscriber. I ended in California, all the way in the South, invited by THINQ, a conservative association that appreciates my interpretation of the spirit of the times. It was the second time I spoke in their midst, and I feel the warmth and friendship growing. The organization had arranged for me to stay for three days at one of the most beautiful resorts in the US, on the rocky coast of California. Normally, such stays aren't my thing – the prices are ridiculous, and I usually prefer to keep it simple. After three days, I must say: there are worse things than staying at The Montage. I’m quite particular when it comes to food and wine, but I now know that there exists a cuisine that is truly American – not a failed imitation of French or any other cuisine – yet subtle and full of feeling, serving the diversity of nature on a plate. As for wine, America still needs to find its self-confidence. They need to stop trying to imitate France and get French winemakers to work with French oak barrels on their best vineyards. The best American wine comes from American winemakers who use American oak to create red wine with subtle vanilla flavors. French wine gets ruined with American oak; American wine is brought to its highest level with it. The second evening, when I went to the lobby for a glass of wine, the pianist asked me if he could play a song of my choice. “On the Nature of Daylight” – that’s the one I’d like. He said, “I don’t know it. Let me hear it.” I found it a bit strange. A pianist who doesn’t know Max Richter’s most famous piece. I didn’t feel like using my phone in that lobby where the shine of the wood made me long for days gone by. “Then try another one, Arvo Pärt, Spiegel im Spiegel.” He didn’t know that one either. I played both pieces for him on YouTube. To my surprise, he then played both pieces one after the other, with so much feeling that my eyes closed, and musical notes and wine flavors merged into a world where no boundaries existed. The waitress passed by: “He doesn’t actually know music, he never studied, but let him hear anything and he plays it perfectly.” On the last day, the sun broke through the clouds. After my morning swim in the cold waters of the wintry Pacific Ocean, I looked with tingling skin towards Mexico. The sunlight sparkled on the choppy waves and cheered like Champagne pouring into a crystal goblet, welcoming freedom. I turned around and looked towards Los Angeles. The sea had a color that might be my favorite color: the royal blue of Lapis Lazuli. In my mind, I couldn’t get further than the words, “How beautiful it is….” The busiest months of the year are approaching now. But from time to time, you experience moments that you carry with you, moments that give you confidence that real beauty and goodness exist. Tomorrow, I will dive into the new semester, but for now, I’ll put this into a story. What has been expressed in words accompanies us more faithfully on the winding path of life. Mattias |
Chers amis,
Je viens de rentrer d'une tournée de conférences aux États-Unis. J'ai commencé par le nord, dans le Michigan. J'ai été invité par le Hillsdale College, une université comme il y en a peu, déterminée dans sa propre vision et sa propre idéologie, mais avec une réelle ouverture à l'autre. Ce fut un honneur de prendre la parole dans un lieu où tant d'individus remarquables m'ont précédé, et à un moment où l'Amérique cherche sa voie vers l'avenir, entre enthousiasme fiévreux et anticipation prudente. Merci beaucoup, du fond du cœur, à Hillsdale. J'ai terminé en Californie, tout au sud, invité par THINQ, une association conservatrice qui apprécie mon interprétation de l'esprit du temps. C'était la deuxième fois que je parlais parmi eux, et je sens la chaleur et l'amitié grandir. L'organisation avait organisé mon séjour de trois jours dans l'une des plus belles stations balnéaires des États-Unis, sur la côte rocheuse de la Californie. Normalement, ce genre de séjour n'est pas mon truc - les prix sont ridicules, et je préfère généralement rester simple. Après trois jours, je dois dire qu'il y a pire que de séjourner au Montage. Je suis assez exigeant en matière de nourriture et de vin, mais je sais maintenant qu'il existe une cuisine vraiment américaine - pas une imitation ratée de la cuisine française ou autre - mais subtile et pleine de sentiments, qui sert la diversité de la nature dans une assiette. En ce qui concerne le vin, l'Amérique doit encore trouver sa confiance en soi. Elle doit cesser d'essayer d'imiter la France et faire en sorte que les viticulteurs français travaillent avec des fûts de chêne français sur leurs meilleurs vignobles. Le meilleur vin américain provient de vignerons américains qui utilisent le chêne américain pour créer un vin rouge aux subtils arômes de vanille. Le chêne américain abîme le vin français, alors qu'il permet au vin américain d'atteindre son plus haut niveau. Le deuxième soir, lorsque je suis allé boire un verre de vin dans le hall, le pianiste m'a demandé s'il pouvait jouer une chanson de mon choix. « On the Nature of Daylight » - c'est celle que j'aimerais. Il m'a répondu : « Je ne la connais pas. Laissez-moi l'entendre. » J'ai trouvé cela un peu étrange. Un pianiste qui ne connaît pas la pièce la plus célèbre de Max Richter. Je n'avais pas envie d'utiliser mon téléphone dans ce hall où l'éclat du bois me donnait la nostalgie du temps passé. « Alors essayez-en une autre, Arvo Pärt, Spiegel im Spiegel. » Il ne la connaissait pas non plus. Je lui ai joué les deux morceaux sur YouTube. À ma grande surprise, il a joué les deux morceaux l'un après l'autre, avec tant de feeling que mes yeux se sont fermés et que les notes de musique et les arômes du vin se sont fondus dans un monde où il n'y avait pas de frontières. La serveuse est passée : « Il ne connaît pas vraiment la musique, il n'a jamais étudié, mais faites-lui entendre n'importe quoi et il le joue à la perfection ». Le dernier jour, le soleil a percé les nuages. Après ma baignade matinale dans les eaux froides de l'océan Pacifique hivernal, j'ai regardé vers le Mexique avec des picotements dans la peau. La lumière du soleil scintillait sur les vagues agitées et se réjouissait comme du champagne se déversant dans un gobelet de cristal, accueillant la liberté. Je me suis retourné et j'ai regardé vers Los Angeles. La mer avait une couleur qui pourrait être ma couleur préférée : le bleu royal du lapis-lazuli. Dans mon esprit, je ne pouvais pas aller plus loin que les mots « Comme c'est beau.... » Les mois les plus chargés de l'année approchent à grands pas. Mais de temps en temps, on vit des moments que l'on emporte avec soi, des moments qui nous confortent dans l'idée que la beauté et la bonté réelles existent. Demain, je me plongerai dans le nouveau semestre, mais pour l'instant, je préfère raconter cette histoire. Ce qui a été exprimé avec des mots nous accompagne plus fidèlement sur le chemin sinueux de la vie. Mattias |
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